Quel sentiment terrible que de se sentir vulnérable! Je suis certaine que vous avez déjà vécu un tel sentiment à un moment ou l’autre de votre vie. Moi, aussi.
Ce qui est étonnant, c’est que je me souviens beaucoup plus d’avoir vu quelqu’un dans une situation vulnérable à mes côtés que de me rappeler de mes propres moments de vulnérabilité. Et je me trouvais alors au bon endroit et au bon moment pour assister la personne vulnérable. J’ai alors pu constater que mon assistance a fait une différence dans la vie de ces gens. Mon âme en est encore ravie!
Voici quelques moments vécus de vulnérabilité que je souhaite partager avec vous, vous savez de ces moments qui demeurent très vifs dans la mémoire, comme si on venait de les vivre. Les situations que je vais vous présenter conservent cette qualité dans mon esprit.
Alors jeune étudiante au secondaire, au début décembre j’étais restée à l’école après les heures de classes pour une pratique de basketball. J’habite un pays au climat froid où l’hiver arrive toujours plus tôt qu’on le souhaiterait. Jetant un œil à l’extérieur par la fenêtre du corridor, j’ai eu le souffle coupé quand j’ai vu le secrétaire de l’école figé sur le haut d’une pente couverte de verglas. Plus jeune, il avait souffert de polio et portait depuis des orthèses aux jambes et marchait avec des béquilles. Ses béquilles n’avaient jamais affecté son autonomie, jusqu’à ce moment. J’étais impressionnée par son désir de vivre sa vie avec les défis que la vie lui mettait sur sa route. Sans se plaindre, souriant, amical et toujours professionnel.
Ce soir-là, après sa journée de travail, tout ce qu’il voulait faire était de rentrer à la maison mais la glace lui faisait obstacle. Son auto était tout près en bas de la pente de verglas … mais cette descente représentait un grand risque de blessures.
Aujourd’hui encore, 28 ans plus tard, je suis toujours submergée d’émotions quand je me rappelle cette situation, de voir cet homme tellement vulnérable à ce moment-là. Étais-je triste ou me sentais-je mal pour lui? Non, au contraire.
À ce moment-là, au sommet de la pente, mon cœur a bondi. Un pas sans soutien, en glissant, et sa vie pouvait changer comme ça ‘click’. Il ne m’a pas vu mais a entendu que la porte de l’école s’était ouverte, et je lui ai alors demandé comment je pouvais l’aider. « Je suis tellement content que tu sois là, car j’ai tellement peur de tomber. Est-ce que tu peux m’aider à me rendre à mon auto? » m’a-t-il demandé. « Bien sûr, c’est pourquoi je suis là. Quelle est la meilleure façon de vous aider? »
Il m’a expliqué comment fonctionnait ses orthèses, la meilleure façon de le supporter physiquement et de le guider à son auto. Le temps que cela a pris m’échappe, mais le souvenir de voir cet homme aussi vulnérable à ce moment-là est gravé dans ma mémoire à jamais, jusqu’à m’amener les larmes aux yeux, encore aujourd’hui.
C’est curieux, mais tous les souvenirs auxquels je pense sont des situations vécues avec des hommes plus âgés, c’est une coïncidence. Simplement, j’étais là au moment de l’événement, et cela démontre que j’ai toujours eu un réel penchant pour les aînés.
Comme directrice d’activités d’un centre pour personnes âgées, l’une de mes tâches consistait à conduire un autobus de 24 passagers pour aller magasiner, aller au casino et autres sorties. Un homme dont je conserve de tendres souvenirs — quand il marchait avec son épouse, ils m’ont inspiré pour le logo de mon entreprise — ils marchaient et se tenaient exactement de la même façon! Un jour, après une sortie au magasin en débarquant de l’autobus le vent fort a emporté son chapeau. Le vent le soulevait et le soufflait de plus en plus loin. Ce monsieur autonome, tout en étant plus lent, avec une vision réduite, regardait son chapeau préféré disparaître en sachant qu’il ne pourrait jamais courir après. La gratitude sur le visage de cet homme, quand je me suis mise à courir et que j’ai réussi à attraper son chapeau, n’a pas de prix. J’étais heureuse d’être en mesure d’assister cet homme à ce moment-là.
Il y un autre moment où je ne suis pas fière de moi et j’aimerais bien revivre ce moment pour pouvoir changer mon approche. Un septuagénaire atteint de Parkinson était avec moi sur le siège passager avant de mon auto pour aller visiter des résidences de personnes âgées.
Pourquoi vouloir revivre ce moment, vous demandez-vous? Parce que je ne lui ai pas demandé ce qu’il avait besoin pour être confortable dans ma voiture, j’étais trop embarrassée. Je me sentais mal pour lui. Les larmes qui me sont venues aux yeux en vous décrivant les deux situations précédentes me reviennent, mais cette fois-ci ce sont des larmes de déception à mon égard. En me sentant mal pour lui, j’étais aveuglée par mes sentiments et je ne lui ai pas rien demandé ni suggéré, ce qui en bout de ligne a fait qu’il s’est retrouvé dans une position physique très inconfortable.
Voici la situation : nous avons roulé en auto une trentaine de minutes, et lentement, tout lentement, assis à mes côtés sur le siège du passager avant, son corps s’affaissait, s’affaissait, et quand nous sommes arrivés à destination, sa tête était appuyée contre le levier de vitesse. Trop gênée et paralysée par mes pensées, je ne me suis pas arrêtée et ne l’ai pas questionnée pour savoir comment il pourrait être plus à l’aise. Il devait être extrêmement inconfortable et fatigué. ARGH!! Je ne me pardonne pas mon silence. Tout ce que j’avais à faire était de poser la simple question : comment est-ce que je peux vous assister pour vous rendre plus à l’aise ou qu’est-ce que vous avez de besoin?
Pour le retour à la maison, il a suggéré d’incliner le siège un peu vers l’arrière afin que son corps puisse être bien appuyé. Ce petit ajustement tout simple a changé du tout au tout le voyage de retour non seulement pour le confort de sa position, mais davantage pour sa dignité honorée après avoir été bafouée à l’aller, mais en plus, il était en mesure de voir les différents paysages, ce qui a rendu le tout plus agréable.
Je pourrais mettre le blâme sur un manque d’expérience de ma part… mais ce n’est pas vrai, du point de vue des autres expériences que j’avais déjà vécues. J’ai honte de mes sentiments du fait que je me suis sentie mal pour lui d’avoir été inconfortable dans ma voiture et de ne pas lui avoir demandé quel était son besoin. Pour moi, il n’y a aucun pardon pour ça.
À un autre moment, durant un séjour à New York, avec ma famille on a fait un « tour dans le noir » de la ville. Pendant une heure, on est devenus aveugles. On entendait les sons de la ville et on butait contre différents objets tels que bicyclettes, trottoirs, bancs,… Notre guide, une personne aveugle, vivant dans la ville propre de New York nous a accueilli. Quelle belle expérience inoubliable.
À cette personne qui nous guidait dans le noir, j’ai demandé quel était son plus grand défi en ville. Il me répondit : « Un site de construction. Tu ne sais jamais où sont les trous, l’équipement bouge tout le temps et il y a beaucoup de bruit, donc c’est dur de se repérer et tu ne sais jamais à quoi t’attendre. » Ayant ma vision, je n’avais jamais pensé à ça. Depuis cette conversation, mon impression en longeant des sites de constructions s’est modifiée.
La prochaine fois que vous verrez quelqu’un se trouvant dans une situation vulnérable, ne laissez pas vos émotions vous paralyser comme je l’ai fait avec le monsieur atteint de Parkinson, demandez plutôt comment vous pouvez aider. Parfois, j’offre de l’aide et l’on me répond : « NON merci, je suis capable seul », ce qui est très bien.
Quand la vulnérabilité nous clouera sur place un jour ou l’autre, tant pour vous que pour moi, je suis persuadée que nous serons ravis que quelqu’un nous offre son aide et ne se sente pas mal pour nous, à ce moment, ce sera à nous d’accepter ou de décliner son secours.
dimanche 28 septembre 2014 at 02:07
July 4, 2012 Being vulnerable means being wnililg to try something different in what you are comfortable with doing. It stretches us and allows creativity to express itself in a way we’ve not allowed it to. For example, I’ve recently taken up watercolor painting. I had to be vulnerable to take it up. I’m a semi-knowledgeable photographer, but painting and drawing are not in my comfort zone. To boot, I’m color blind. Still, being vulnerable opened up a new avenue of creativity for me. Thank you for your blog and website.