Au cours d’une discussion avec un avocat d’affaires au sujet d’une démarche pour mon entreprise, celui-ci a remarqué que j’occupais un créneau très particulier et m’a demandé pourquoi j’avais choisi de travailler avec les personnes âgées.
Je lui ai répondu que j’ai toujours aimé être en leur compagnie et parler avec elles. « Les personnes âgées ne sont pas différentes de vous et moi. Je ne les vois pas – et je ne les ai jamais vues – comme étant des personnes malades. »
« Ouin… (petit silence plutôt lourd). J’ai fait partie du conseil d’administration d’une résidence pour personnes âgées et je dois dire que ce n’est pas toujours joli-joli la vieillesse », a-t-il ajouté.
Nous avons discuté encore un peu, puis avons poursuivi notre rencontre professionnelle. Voici où ces pensées m’ont menée :
La vie m’apparaît comme quelque chose de fascinant dont plusieurs parties sont en mouvement. En aidant les personnes âgées à un moment très délicat de leur vie, j’ai vu pas mal de situations parmi lesquelles se trouvaient des gens heureux et des gens malheureux. Je voudrais dire des « vies heureuses » et des « vies malheureuses », mais je ne vois pas leur vie en entier ; je n’en aperçois que des fragments. Peut-être suis-je encore trop jeune pour avoir une vision d’ensemble, mais je crois que ce que je fais aujourd’hui – concernant ma santé, mes finances, mes relations, mes décisions – jouera plus tard un rôle dans ma vie. Mon destin m’appartient – à moi et à personne d’autre – et je suis la seule à pouvoir faire en sorte d’avancer. Même si je ne contrôle pas tout, je le sais bien.
Il me semble souvent que les humains peuvent tirer des leçons de la nature. J’ai aussi l’impression que nous sommes fréquemment en contradiction avec elle.
En rentrant en voiture à la maison, j’ai repensé à ces choses « pas jolies-jolies » de la vieillesse dont l’avocat me parlait. Je me suis demandée jusqu’à quel point celles-ci étaient dues au fait que certaines personnes ne prennent pas soin d’elles pendant une longue période. Jusqu’à quel point la négligence physique et émotionnelle vécue à long terme peut-elle être reliée à la maladie ? Les animaux sont-ils confrontés aux mêmes défis du vieillissement que nous ? Est-ce qu’il y a des animaux qui se laissent porter par la vie sans rien faire ? Est-ce qu’ils restent fâchés pendant des années parce qu’un jour quelqu’un de la meute a volé leur lunch ? Et quand ils se font mal : est-ce qu’ils restent là à bouder ou est-ce que leur fragilité complique leur survie ? Sont-ils toujours « alertes » ? Toujours en train de s’adapter afin de survivre ? Est-ce que leurs prédateurs s’occupent de ne laisser aucun être « faible » derrière eux ?
Ma réflexion s’est arrêtée là, sans avoir de réponse à mes questions. Hmm. Nous n’avons pas vraiment de prédateur(s). Si nos abris (maisons) étaient moins solides, nous aurions sans doute des prédateurs, mais nous avons fait en sorte d’assurer notre sécurité. Nous avons créé divers outils (fusils, couteaux) qui nous donnent un certain avantage. Mais est-ce cela qui a un si grand impact sur nos vies ? Est-ce cela qui nous permet de rester les bras croisés et de ne pas trop nous inquiéter de ce que nous allons manger à midi – c’est-à-dire le fait de ne pas être menacé par des prédateurs ? Si nous avions des prédateurs, je crois que nos vies seraient tout à fait différentes et que l’on se poserait beaucoup moins de questions par rapport à notre santé, nos colères, notre désir de mener une belle vie et le fait de vieillir. Est-ce parce qu’ils n’ont pas de prédateurs que les humains ont alors le luxe de ne pas s’assurer continuellement de bien vieillir ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
vendredi 22 janvier 2016 at 12:09
Brilliant thoughts…I would LOVE to debate this too. So many things would be different if we had predators; agreed! 🙂