Il ne s’agit pas de placer un aîné
Ampleur du projet
Quel que soit notre âge, la perte d’autonomie n’est jamais facile à affronter. On croit fermement que le langage employé lorsque celles-ci doivent faire face à une telle situation peut transformer une expérience négative en une étape plus positive de leur vie. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il est question pour elles d’envisager un déménagement. Pour une raison mystérieuse, on emploie souvent l’expression « placer » une personne âgée : « J’ai placé ma mère dans une résidence ».
Nous nous sommes donnés pour mission d’attirer l’attention sur ce terme regrettable afin de faire place à une réalité plus positive : car il est bel et bien question d’aider les aînés à trouver l’endroit qui leur convient le mieux, de les aider à déménager dans un lieu qui répond à leurs besoins et non pas de les « placer » comme on place un objet
sur une étagère. C’est le langage utilisé qui nous concerne, pas les produits offerts par les résidences spécialisé à accueillir une clientèle âgée.
« Je dois placer ma mère. » Comparé à : « Je dois aider ma mère à déménager. »
« Nous avons placé mon père là. » Comparé à : « Nôtre père a aménagé là. »
« Nous la placerons au deuxième étage. » Comparé à : « Son milieu de vie sera au deuxième. »
« Mes enfants veulent me placer. » Comparé à : « Mes enfants m’encourage à explorer mes options. »
Si nous changeons le langage que nous employons, notre approche du vieillissement sera à son tour transformée. Pour ce faire nous avons décidé de s’adresser aux enfants à travers un livre. Celui-ci est destiné aux jeunes lecteurs de 6 à 8 ans avec l’espoir qu’ils le lisent avec leurs parents et discutent avec eux de cette histoire susceptible de faire évoluer la vision du vieillissement dans notre société.
Résumé du livre
Pendant que son père est en voyage d’affaires, Alex, une petite fille de 9 ans, se fait garder chez sa grand-mère. Pendant ces deux semaines, Alex et Mamie passent de très bons moments ensemble et se rapprochent l’une de l’autre. Remplie des trésors de toute une vie, la vieille maison de Mamie est à la fois fascinante et effrayante pour la fillette.
Alex admire sa grand-mère qui est une excellente cuisinière et une experte en jardinage. Toutefois, elle est triste de voir que Mamie a de la difficulté à faire certaines choses qu’elle faisait si facilement autrefois. Elle remarque que sa grande maison semble de plus en plus compliquée à entretenir ; que les escaliers paraissent de plus en plus difficiles à descendre et à monter. Lorsque son père est de retour, Alex sait qu’elle doit trouver le courage de lui raconter tous les « défis » qu’elle a pu observer pendant son séjour chez sa grand-mère.
Lorsqu’elle entend son père parler avec Mamie et lui dire qu’il doit la « placer » car la maison est devenue trop lourde à gérer, Alex entre dans une colère terrible. Placer ? Ce mot ne plaît pas du tout à la jeune fille. Mamie n’est pas et ne sera jamais un objet qu’il faut « placer » !
Nos mots on un grand pouvoir : ils peuvent nous permettre d’engager une conversation tout comme ils peuvent l’empêcher. Pour les personnes âgées qui font face à une perte d’autonomie, quelques mots simples peuvent faire une énorme différence. Lorsqu’il est question du vieillissement, laissons parler notre cœur.
La créations des illustrations.
38 illustrations ont été créées pour ce livre. Découvrez le processus ici.
Marie-Claude Giguère a suivi des cours d’art plastique au Centre des arts visuels de Westmount et, à l’automne 2014, a participé à un marathon de dessin d’une semaine au New York Studio School (NYSS) pour lequel les étudiants étaient sélectionnés sur entrevue à partir des œuvres qu’ils avaient soumis. Le but de sa participation à ce marathon était de déterminer quel type d’illustration conviendrait le mieux à son projet de livre pour enfants. Au cours du dernier exercice où devait être réalisé un collage, l’auteure a réalisé à quel point ce type d’image correspondait à sa vision et au message qu’elle souhaitait transmettre. Giguère a suivi les cours « Projets personnels » de Renée Duval et de Michael Merrill. Ce dernier est devenu son mentor artistique. À partir d’aquarelles et de papier Arche facile à déchirer (ciseaux interdits !), toutes les illustrations se veulent des collages de 46 cm par 56 cm (18 po x 22 po).