Se confronter à la réalité à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées

La conversation est étouffée. Mais la crainte est bien réelle.

Que pouvons-nous faire ? Tout d’abord, prenons quelques instants pour célébrer la Journée internationale des personnes âgées en rendant visite, en passant un coup de fil ou en tendant une main amicale à un aîné. Nous avons le pouvoir d’apporter de la joie à quelqu’un aujourd’hui.

Il y a tant de beauté à trouver chez les personnes âgées. Elles possèdent de précieuses connaissances et un incroyable savoir-faire. Toutefois, elles nous inspirent encore davantage par le courage dont elles font preuve en continuant à être toujours là quand on a besoin d’elles, en faisant face aux situations complexes de la vie et par leur volonté de continuer à avancer.

Les systèmes et les technologies que nous utilisons, les immeubles dans lesquels nous évoluons, les richesses de la terre que nous récoltons proviennent tous des hommes et des femmes qui œuvraient avant nous. Cependant, au cours des décennies qui suivent leur retraite, lorsque certaines conversations difficiles doivent avoir lieu, ils deviennent en quelque sorte transparents et ignorés.

Où est passée notre reconnaissance pour tout ce qu’ils ont fait ? Chaque jour que je passe aux côtés des personnes âgées, je constate bien trop souvent – dans la communauté, chez le médecin et même dans leurs propres maisons – le manque de considération à leur égard.

Nous vieillissons tous ; c’est un fait. De nombreux tabous entourent le vieillissement et plusieurs personnes évitent d’en discuter par crainte de blesser les gens qui leur sont chers. Tout le monde finit alors par se détourner de la conversation. Ou, au contraire, lorsque nous en parlons, les mots que nous utilisons face à un changement d’autonomie sont souvent lourds et toxiques. Que faisons-nous pour améliorer la situation ?

Il est possible de faire changer les choses par de petits gestes simples et constants. Ainsi, par exemple, en considérant les personnes âgées pour ce qu’elles sont aujourd’hui et non pas pour ce qu’elles ont perdu avec le temps, leur engagement nous apparaît alors monumental. Et toute la lourdeur qui entoure le vieillissement commence à disparaître.

En écoutant leurs craintes et leurs inquiétudes, en passant du temps avec elles dans les périodes de deuil et de chagrin, en leur demandant ce qu’elles vont faire cette semaine et en leur prêtant tout simplement une oreille attentive, nous pouvons briser leur isolement et leur permettre de se sentir comme des personnes à part entière ; des personnes qui comptent vraiment. Nous avons tous besoin d’appartenir à une communauté. Et sachez que vous avez beaucoup à leur apporter.

De mon point de vue, les progrès concernant les personnes âgées et le vieillissement arriveront tout d’abord par les mots que nous employons. En effet, la plupart de ceux que nous utilisons fréquemment à leur sujet sont lourds, négatifs et vraiment déplaisants.

Lorsqu’une personne âgée est confrontée à un changement au niveau de son autonomie, les mots que l’on entend souvent sont « forcer », « obliger », « placer », « mettre », « pas le choix ». J’entends ces expressions dans les médias, à l’hôpital, dans la bouche de proches bien intentionnés et même dans celles des personnes âgées elles-mêmes.

Pourquoi ? Parce que ces mots font partie de notre langage commun ; que ce sont tout simplement ceux que nous connaissons et que nous avons l’habitude d’utiliser. Mais chaque fois que ces mots sont prononcés, ils apportent de la lourdeur à la conversation et dans les cœurs de chacun.

À l’inverse, lorsque nous nous adressons à un aîné avec des paroles plus positives et invitantes telles que « adapter », « ajuster », « encourager », « explorer des options », « trouver des solutions », les conversations s’ouvrent et deviennent tout de suite plus légères et faciles.

Un langage positif entraîne des pensées et des actions positives, et ce plus particulièrement lorsque la peur du changement est dans l’air.

Je tiens à préciser que j’ai beaucoup d’estime pour les résidences pour personnes âgées ; ce sont vraiment les mots qui concernent ces hébergements et le vieillissement que je souhaite faire changer. Prenons un moment pour écouter notre langage courant et, un mot à la fois, trouvons le courage de susciter le changement. Chacun de nous peut le faire. Quand notre tour viendra d’être âgés, isolés ou plus fragiles, je sais à quel point nous apprécierons le changement que nous avons mis en place.

Pour la Journée internationale des personnes âgées, prêtons attention aux mots que nous choisissons d’utiliser. Je crois fermement qu’en délaissant toutes nos paroles écrasantes, remplies de bulldozage, pour des mots plus positifs et encourageants, nous aborderons le vieillissement de façon plus constructive. Ces tout nouveaux mots nous permettrons au moins d’entamer la discussion plutôt que de la repousser indéfiniment sous le tapis.

Nos mots ont du pouvoir quand vient le moment d’aborder le vieillissement et chacun de nous peut contribuer à faire de cette étape de la vie une expérience plus joyeuse. Commençons dès aujourd’hui.